Artemisia Gentileschi : Un(e) peintre italien du XVIIe siècle

affiche officielleDepuis le 14 mars et jusqu’au 15 juillet 2012, le musée Maillol propose une rétrospective du peintre italien Artemisia Gentileschi (1593-v 1654). Si le nom de l’exposition « Artemisia : Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre » fait penser à un titre de mauvais téléfilm, la grâce et la force des tableaux imposent un intérêt certain.

Evidemment, on ne peut passer à côté du fait qu’Artemisia Gentileschi est femme et artiste à un siècle où cela reste très inédit. Evidemment, on ne peut pas éluder son histoire personnelle : violée par un assistant de son père, le peintre Orazio Gentileschi, la femme a dû affronter un lourd et long procès mis sur la place publique romaine. Une fois ces éléments rappelés, il faut essayer de voir cette exposition pour ce qu’elle est : la rétrospective d’un(e) peintre qui a commencé sa carrière très jeune et a connu une évolution au gré de ses rencontres et de ses pérégrinations (Florence, Venise, Naples) dans une Italie en pleine ébullition.
L’agencement des tableaux ne rend pas ce processus aisé. Ainsi, l’exposition commence par une série de toiles de l’artiste à son apogée. Les toiles sont grandes. Les organisateurs ont sans doute privilégié le rez-de-chaussée pour ces tableaux afin de faciliter leur observation. Une caractéristique apparaît d’emblée : les femmes sont les sujets de prédilection du peintre. Cléopâtre, Madeleine, Suzanne, Clio, un autoportrait sont les personnages des premières toiles dévoilées aux visiteurs. On s’abstiendra de toute explication psychologique mais on s’attardera sur les détails qui rendent la peinture italienne de ce siècle inimitable. La peinture des chairs, les profils harmonieux, les compositions équilibrées, les drapés colorés et travaillés, le clair-obscur maîtrisé issu du Caravage, les détails des bijoux et des tissus, autant d’éléments qu’Artemisia a réussi à dompter tout au long de sa carrière. De « La naissance de saint Jean-Baptiste » (vers 1635) à « L’allégorie de la Renommée » (1630-1635), l’artiste exprime son talent avec élégance et s’inscrit dans le style de son époque.
Tension
Au deuxième étage, le plus célèbre tableau de la peintre « Judith et Holopherme » (vers 1612-1614) nous saute aux yeux. Thème chéri de l’artiste, on est ici au cœur de l’action : Judith aidée de sa servante Abra décapite le roi Holopherne. Verticale et diagonale, lumière latérale, bleu et rouge des robes composent une image exceptionnelle de tension. En face, trois toiles figurant la Vierge à l’enfant éclairent davantage sur l’évolution du peintre. Leur comparaison amène de l’eau à notre moulin. Il en est de même des peintres invités de l’exposition comme Orazio Gentileschi, le père, et Simon Vouet, l’ami. Evolution et influence permettent peu à peu de cerner le travail de cette femme. Dans les  dernières salles, nos yeux se posent sur « La Vierge au rosaire » (1651) une petite huile sur cuivre aux couleurs chatoyantes et sur une « Cléopâtre » (1620-1525) à la composition très photogénique.
Il était tentant de faire de cette exposition une romance à la gloire d’une des rares peintres femmes du XVIIe siècle (tous les éléments de biographie étant réunis). La rétrospective parvient à se détacher des aspects trop biographiques pour nous montrer le travail d’un peintre italien du XVIIe siècle. On laissera sans regret bougies et eau de Cologne à l’effigie d’Artemisia dans les rayonnages de la boutique.

Site officiel : www.museemaillol.com

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