Jacquemart-André : La peinture anglaise de la fin du XIXe siècle s’effleure

héliogabalerosesLe musée Jacquemart-André présente, jusqu’au 20 janvier 2014, « Désirs & Volupté à l’époque victorienne ». L’exposition piochant dans la collection du Mexicain, Juan Antonio Pérez Simon, se concentre sur les peintres britanniques de la fin du XIXe siècle.

Des femmes nues, un tableau en passe de devenir un classique de carte postale (Les Roses d’Héliogabale), des peintres en quête de légèreté dans une période sérieuse, l’exposition « Désirs & Voluptés à l’époque victorienne » a de nombreux atouts pour rencontrer un fort succès. L’espace d’exposition toujours un peu étroit du musée se transforme en boudoir anglais. Au sol alternent des moquettes aux motifs léopard et de fleurs. Aux murs, des rideaux en trompe l’œil, du vert sourd un peu sombre et des revêtements façon marbre animent la dizaine de salles pensées par le designer Hubert Le Gall, scénographe de plusieurs expositions en 2013 comme Masculin/Masculin (musée d’Orsay) et Les Etrusques (musée Maillol).
Dans la première salle, Les Roses d’Héliogabale (1888) crée la surprise. Réalisé par Alma-Tadema, le tableau autant par son sujet (des sujets de l’empereur romain suffoquant dans des pétales de roses lors d’un banquet), sa composition (un premier plan spectaculaire) et son traitement (finesse et couleurs) interrogent. Comment de telles peintures ne sont-elles pas passées à la postérité plus rapidement.
Décoratif
Les salles suivantes relativisent ce premier étonnement. Car si ces peintres anglais (Lawrence Alma-Tadema, Frédéric Leighton, Albert J. Moore) font preuve d’une grande dextérité (ils sont presque tous membres de la Royal Academy), leur peinture verse avec un grand intérêt visuel dans un art plutôt décoratif. Leur force, comme le rappellent les cartels, réside dans cette nécessité d’apporter une certaine volupté, une touche de chair dans une période victorienne synonyme de révolution industrielle.
Ils font de l’Antiquité une période de lumière (Le Quatuor, hommage du peintre à l’art de la musique, Albert J. Moore 1868) et du Moyen-Âge, un temps de mélancolie et de réflexion (Le Temps jadis, John M. Strudwick, vers 1908). La femme, tour à tour, muse, héroïne, et très souvent nue, est le fil conducteur de ces peintres qui ont mis en elles toute la beauté du monde. Après les Préraphaëlites (des toiles de Burne-Jones sont présentes) qui prônaient un symbolisme appliqué et avant l’Art nouveau affichant le slogan l’art pour tous, l’exposition fait le trait d’union en une cinquantaine de tableaux.
A votre tour de redécouvrir ces peintres populaires en leur temps et de participer à la renaissance de cette peinture anglaise mise aussi en avant par le musée d’Orsay en 2010. Exquis and so British.

Sir Lawrence Alma-Tadema, Les Roses d’Héliogabale (détail), 1888, Collection Pérez Simon DR.

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