Plus que quelques jours, jusqu’au 5 février 2012, pour courir à la rétrospective de la photographe américaine Diane Arbus au Jeu de Paume à Paris. Profitez des nocturnes pour découvrir un travail photographique très singulier.
« Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez ». Inscrite à l’entrée de l’exposition, cette phrase de Diane Arbus vous guidera tout au long de l’exposition rassemblant 200 clichés de la photographe américaine. Diane Arbus est une intuitive. Elle le démontre avec ses photographies prises du milieu des années 40 à la fin des années 60 à New York et dans ses environs (Brooklyn, Coney Island, Massachusetts, New Jersey). Ses portraits qu’ils dépeignent des vies décalées (transformistes, personnages de cirque, nains, nudistes, handicapés) ou des gens de tous les jours révèlent comment apparence et réalité forment un jeu humain complexe. Masque, vêtement, coiffure, maquillage, autant d’effets qui transforment les hommes et les femmes, qui en disent long ou court sur leur personnalité.
Mais Diane Arbus, « la chasseresse » comme la surnommait Walker Evans dont elle a poursuivi avec force le travail de photographie documentaire, a justement le don de démasquer. La main crispée de l’enfant jouant avec une grenade en plastique, le chignon de traviole de Mae West, les bigoudis de James Brown, le faux grain de beauté de cette femme à l’expression terrifiante, Arbus montre une réalité qui trouble, questionne le spectateur. Avec 200 clichés aussi forts, le visiteur peut se sentir déboussolé. Le choix de la disposition des œuvres non thématique et non chronologique atténue ce résultat et tant mieux. Elle donne à faire des correspondances entre portraits de personnages qui, s’ils vivent dans la même ville, n’évoluent pas dans le même monde. Certaines photos prêtent parfois à sourire comme ce portrait de nudistes dans leur salon où sur la commande trône une photographie de famille de l’épouse nue.
Sur deux étages, l’exposition alterne entre salles peintes en blanc et en noir anthracite. Une autre façon de reprendre son souffle. Dans cette installation intuitive, on ne comprend néanmoins pas pourquoi le travail de l’artiste mené dans une institution de handicapés mentaux figure à part. De même, les dernières salles de l’exposition qui se concentrent sur la biographie de l’artiste peuvent virer, même si elles sont source de connaissances, à « la mise en icône » de cette femme qui s’est suicidée à 48 ans.
Troublantes, inquiétantes mais aussi attendrissantes et pleines d’espoir, les photographies de Diane Arbus donnent vraiment à voir de l’humanité quotidienne.
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