Le ventre de Paris dans l’œil de Doisneau

Du 8 février au 28 avril 2012, l’Hôtel de ville de Paris accueille une exposition rassemblant plus de 200 clichés de Robert Doisneau figurant les anciennes Halles de Paris. Cette exposition, au-delà des images du célèbre photographe, fait aussi écho aux nouvelles transformations du cœur de la capitale et à leur appropriation par les Parisiens.

Les forts, les aboyeurs, les marchandes, les maraîchers, les bouchers… Robert Doisneau, rodant dans les Halles depuis le début de sa carrière, les a tous immortalisés en plusieurs exemplaires. Du petit matin à la nuit, c’est surtout à partir de 1969, date de l’annonce du déménagement du marché parisien à Rungis, que Doisneau se lance dans un vrai travail de captation de la vie du quartier. Des hautes voûtes des pavillons dessinés par Victor Baltard aux caves des estaminets de la rue Montorgueil, les photographies présentées sont les témoins d’un lieu animé et souvent bordélique. Doisneau multiplie les portraits : des francs sourires aux mines défaites, ils captent les humeurs. Une petite série de photographies de jour en légère plongée datant de 1964 offre un joli parti pris esthétique avec les ombres multipliant d’autant la suractivité du lieu.

Une fois la nuit tombée, Doisneau joue aussi avec les lumières (brasero, électricité) pour accentuer des contrastes et figer avec grâce des attitudes du quotidien des Halles. Ainsi, le boucher de « L’échaudoir de la rue Sauval » en 1968, une main tenant son couteau et l’autre posée sur une tête de veau retient l’attention.

Une otarie vivante (pour combien de temps) dans « La poissonnerie Lacroix, rue Rambuteau », 1953, ou « Jean Settour dans sa cave », 1979, calant ses bouteilles avec des crânes, le photographe souligne l’insolite, le décalé.
Un monde pas si lointain
Quelques clichés – pas assez – en couleur viennent ponctuer l’exposition. Le gris bleu de l’asphalte parisien, les chariots rouges, la viande saignante, les fleurs jaunes et orange donnent chair à un monde pas si lointain. Mais déjà le déménagement (1969) et la destruction se profilent. Sous l’œil du photographe, les arches métalliques des pavillons sont tombées comme un château de cartes. Devant le trou des Halles, Doisneau se mêle aux passants curieux. Face à cet énorme chantier, le photographe nous égare. Seule l’église Saint-Eustache donne encore un point de repère dans l’accumulation de piliers et de grues. L’exposition prend fin avec deux ou trois images de l’inauguration du forum des Halles et de Rungis. Pour les visiteurs, c’est aussi le moment de s’imaginer les Halles de demain, de réfléchir à leur rapport aux transformations de leur ville même si celles-ci semblent moins violentes aujourd’hui.

Photos : Copyright Atelier Robert Doisneau

« Le destin des Halles de Paris », le webdocumentaire
La suite de l’exposition se fait aussi sur Internet avec le webdocumentaire de Vladimir Vasak, journaliste et auteur du livre « Les Halles de Robert Doisneau ». Composé d’images, de vidéos, de témoignages, d’extraits de livre, le webdocumentaire vous plonge dans le ventre de Paris, son histoire, ses transformations. De Zola à Doisneau, d’un habitant des Halles à un responsable du patrimoine, ce documentaire fait (re)battre le cœur de Paris.
www.francetv.fr/doisneau

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