Jusqu’au 9 septembre 2012, la muse et mécène Misia fait l’objet d’une exposition au 5e étage du musée d’Orsay. De la Belle Epoque aux Années folles, l’accrochage mêle les multiples portraits de cette femme et les réalisations artistiques qu’elle a soutenues.
Kiki de Montparnasse, Coco, Misia, au début du XXe siècle, les femmes évoluant dans les sphères artistiques portent souvent des surnoms. Derrière ces pseudonymes familiers et parfois infantilisants, se dévoilent des femmes ambitieuses aux caractères bien trempés. C’est le cas de Marie Sophie Olga Zenaide Godebska dite Misia. Pianiste émérite, mariée et divorcée trois fois, Misia évolue dans les milieux artistiques bruxellois et parisien dès ses 20 ans. Ses rencontres avec les peintres se traduisent dans leurs toiles. Bonnard, Vuillard, Vallotton ne manqueront pas de s’en servir comme modèle. Dans le quotidien, Misia à son bureau par Vallotton en 1897, comme dans des poses plus officielles, Misia par Renoir en 1904, l’exposition multiplie les toiles avec la femme au chignon brioche. Même si une certaine familiarité s’installe dans certaines représentations, La nuque de Misia vue par Vuillard vers 1897, la femme « jolie, d’une beauté un peu canaille malgré son profil de Minerve » selon Mallarmé, n’a pas l’ambition d’être réduite au statut de modèle.
« Reine de Paris »
Au gré de ses rencontres, Misia s’engage aussi auprès des artistes dans la réalisation de leur projet. Elle devient ainsi marraine des Ballets russes de son ami Serge de Diaghilev. Qualifiée de « reine de Paris » par les journalistes, elle reçoit dans ses salons. Coco Chanel lui doit une partie de son carnet d’adresses. L’exposition illustre aussi cette activité avec affiches, costumes, photographies, cahiers de musique.
Avec Misia, c’est aussi une façon de vivre qui émerge. Entre son appartement parisien, ses résidences secondaires, ses séjours à Venise, la muse-mécène dévoile un style de vie bourgeois bohême avant l’heure. Sa vie amoureuse inspire aussi directement ou indirectement. On regardera ainsi avec délectation les xylographies de Vallotton.
Kiki et Coco ont eu une fin de vie plutôt triste. Misia n’a pas échappé à cet écueil. Accro à la morphine et à moitié aveugle, la dame déambule encore à Venise – on ne loupe pas les magnifiques photographies de Horst P.Horst – avant de s’éteindre à Paris en 1950.
Si « Misia n’a rien créé par elle-même » comme le formule de façon un peu abrupte le premier panneau de l’exposition, son caractère, sa curiosité, son instinct ont tout de même servi les artistes. Une muse entre donc au musée d’Orsay.
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