Mal aimée mais surtout mal connue, l’architecture des années 1930 se décline sous des formes variées dans la rue du Docteur Blanche dans le 16e arrondissement parisien. On passe la porte de la Maison La Roche réalisée par Le Corbusier.
C’est une maison blanche bien cachée au fond d’une impasse du 16e arrondissement de Paris. Indissociable de la Maison Jeanneret qui accueille la fondation Le Corbusier, la Maison Roche se visite en petit comité et souvent par hasard. Elle offre ainsi la promesse d’une flânerie parisienne et d’une découverte architecturale rare. En effet, si l’on réduit parfois l’architecte d’origine suisse à un rôle d’inspirateur des grands ensembles bétonnés aujourd’hui honnis, le travail du Corbusier se comprend aussi en regardant ses réalisations individuelles. Ici, on est dans le cadre d’une commande spéciale : Raoul Albert La Roche, ami de l’architecte, souhaite se faire construire une maison dans laquelle ses collections de peintures trouveront une place privilégiée. Ce sont deux maisons jumelées mais indépendantes qui voient le jour en 1925 au 8 square du Docteur Blanche.
Sur pilotis
A l’extérieur, c’est la forme oblongue sur pilotis qui attire le regard. Elle contraste avec le reste du bâtiment qui s’inscrit dans une rigueur toute rectangulaire. Une fois la porte d’entrée passée, le grand hall qui révèle tout de suite la hauteur du lieu laisse aussi présager d’une organisation binaire. D’un côté, Le Corbusier a installé les lieux publics et de l’autre les appartements du propriétaire, les deux parties étant reliées, au premier étage, par une passerelle. Après quelques marches, le visiteur se retrouve dans cette forme décelée de l’extérieur. C’est la galerie, une salle qui accueillait les œuvres du propriétaire. Baignée de lumière indirecte, la pièce est le cœur décentré du lieu. En haut de la rampe, une bibliothèque perchée change l’ambiance du lieu avec sa cheminée, ses étagères et une lumière moins diffuse. Si la galerie est le cœur de l’édifice, la passerelle en constitue la principale artère. Lieu de passage, elle est aussi puits de lumière avec ses baies étirées à l’horizontale. On se retrouve, en lumière, dans l’autre partie de la maison. La salle à manger du premier étage fait écho à la pièce du rez-de-chaussée et à la chambre du 2e étage. Les pièces d’eaux (cuisine, office et salle de bain) se superposent aussi dans cette partie bloc de la maison. Le toit-terrasse vient achever la construction non comme un détail mais comme un réel endroit à vivre.
Modernité sans faille
Mobilier simple (chaises Thonet) et couleurs oscillant entre noir et blanc – un bleu outremer vient troubler quelques murs –, Le Corbusier qui développe ici sa grammaire (pilotis, fenêtre en longueur, toit-terrasse, etc.) créée aussi un lieu qui, 90 ans après sa construction, impose une modernité sans faille. Pour poursuivre l’immersion dans l’architecture des années 1930, la rue Mallet-Stevens, à quelques mètres, est incontournable.
Site de la fondation Le Corbusier :
http://www.fondationlecorbusier.fr/corbuweb/morpheus.aspx?sysName=home&sysLanguage=fr-fr&sysInfos=1
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