Du 23 janvier au 7 avril 2013, la Maison européenne de la photographie présente une rétrospective de Joel Meyerowitz. Photographe de rue, Meyerowitz est aussi un des premiers à expérimenter la couleur dans son médium et de façon quasi exclusive à partir du début des années 1970.
Directeur artistique, Joel Meyerowitz quitte son emploi après avoir vu Robert Frank lors d’une séance photo. A travers la gestuelle artistique et le tempo de Frank face à son modèle, Meyerowitz comprend que lui aussi est photographe. Commence alors pour ce jeune homme qui s’est forgé, dans le Bronx, son quartier d’enfance, une capacité d’observation, une carrière de photographe de rue aux Etats-Unis et aussi en Europe, en noir et blanc et beaucoup en couleur.
Dans les longues rues de New York, il saisit des visages et des situations, joue des symétries, crée des anecdotes photographiques et souvent ludiques. Les bras de cette femme portant une cape sont-ils ceux dans cette vitrine de magasin ? Meyerowitz capte le quotidien, les mouvements et les postures des New Yorkais avec grâce et bienveillance.
Un « permis de voir »
Après Big Apple, le photographe exerce son œil en Europe. France, Allemagne, Angleterre et surtout Espagne où il séjournera avec des Gitans, ses images entre noir et blanc et couleurs, figurent des caractéristiques européennes sans tomber dans les clichés : la rue parisienne en couleur ou la procession espagnole marquent par leur composition forte toujours à sens multiple. Comme si « porter un appareil photographique (lui) donnait un permis de voir », Meyerowitz nous montre de plus en plus.
Les possibilités de la couleur
Au début des années 1970, Meyerowitz choisit de se consacrer à la couleur. Profondeur de champ réduit, teintes sales, les clichés de New York contrastent avec la douceur de la série réalisée à Truro dans le Massachusetts. Quand il shoote l’Amérique profonde, les images de brownstones et de routes ne sont pas sans rappeler certaines toiles de Hopper. Il expérimente les possibilités de la couleur et nous en livre le résultat. En 1978, il sort Cape Light, livre de référence pour les photographes de la couleur mais qui est peu évoqué dans l’exposition. La visite prend fin sur trois différents travaux démontrant la curiosité de l’artiste et son ancrage dans le réel : une série de portraits, une sur les éléments naturels, et son travail sur la destruction des ruines du World Trade Center.
L’exposition condense de l’oeuvre de Meyerowitz. On aimerait pousser les murs de la MEP pour permettre davantage d’accrochages. A la librairie, pour poursuivre la découverte de cet artiste, pas de catalogues d’exposition mais un cher coffret de toute son œuvre est proposé par Phaïdon. On se retranche sur le site Internet de la maison d’édition pour entendre Meyerowitz parler de son travail avec simplicité et passion. Un homme vraiment haut en couleurs.
Les interviews de Meyerowitz : http://fr.phaidon.com/store/photography/joel-meyerowitz-taking-my-time-9780714865027/
Le site de la MEP : http://www.mep-fr.org/
Les photos : © Joel Meyerowitz, Courtesy Hôtel des Arts de Toulon
– New York, 1963
– New York, 1963
– Paris, France, 1967
– Malaga, Espagne, 1967
– New York, 1976
– Harturing House, Truro, Massachusetts, 1976
– Saint Louis, Missouri, 1978
– Jouets dans une galerie près du World Trade Center, 2011
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