Les images de l’Amérique des années 1930

Et ce portrait d’agriculteurs des années 1930 peint par Grant Wood, il nous dit quoi de l’Amérique d’aujourd’hui ? Sans doute plein de choses. A vous d’aller le vérifier ce week end à l’Orangerie pour les derniers jours de l’exposition La peinture américaine des années 1930. Si vous la ratez, l’exposition sera installée à partir du 25 février à la Royal Academy of Arts de Londres.

Avec le sous-titre non traduit, The age of anxiety, l’exposition a pour objectif, une cinquantaine de toiles à l’appui, de montrer comment une peinture américaine nouvelle s’établit dans les années 1930 alors que le pays est secoué par une crise économique et sociale inédite. Hétéroclite est le qualificatif qui vient à l’esprit alors que l’on pénètre dans la première salle. Le célèbre portrait de Grant Wood – qui fait le voyage pour la première en Europe- côtoie une nature morte de Georgia O’Keeffe et une composition, comme un collage, de Stuart Davis.

 

 

 

 

 

 

 

Beaucoup des peintres exposés sont issus de familles d’artistes et ont visité l’Europe. Si les styles diffèrent d’un artiste à l’autre, la figuration est en bonne place. Les vues industrielles de Charles Sheeler ou les paysages ruraux quelque peu rêvés de Grant Wood sont des facettes d’une Amérique qui, en crise, montre ses atouts. Si la situation est dramatique, les peintres s’attachent à montrer une vie quotidienne où les divertissements (cinéma, spectacle) ont un rôle prépondérant. Dernière le vernis, les difficultés et les inégalités se dévoilent comme dans les toiles denses de Reginald Marsh.

En cette période de doute, certains replongent dans l’histoire américaine. L’administration accompagne cette tendance en mettant en place le Public Works of Art Project. Des financements sont accordés pour réaliser des peintures murales dans les bâtiments publics. Aspiration de Aaron Douglas, peint à l’occasion du centenaire du Texas, représente dans un style futuriste parme, l’émancipation des noirs-américains.

 

La situation mondiale préoccupe également ces artistes -beaucoup d’entre eux font partie de familles qui ont migré au début du siècle. Pour preuve, cet étonnant rondo de Philip Guston titré Bombardment, écho à Picasso et hommage à Guernica. Ce tableau réalisé en 1937 symbolise aussi la fin d’une époque où la figuration prévaut aux Etats-Unis. Philip Guston va l’abandonner rapidement et rejoindre son ami d’étude Jackson Pollock.

Cette exposition nous plonge dans une peinture peu connue en Europe. Elle met en avant des vraies individualités artistiques à découvrir -comme Arthur Dove. Elle souligne cette capacité inouïe des artistes américains à représenter leur pays, à le valoriser mais aussi à dénoncer les difficultés. Il y a une facilité américaine à créer des images voire des icônes qui est prédit dans cette peinture des années 1930. Photographie, cinéma, dessins animés (Walt Disney), comics (Marvel) en créeront par milliers.

Grant Wood, American Gothic, 1930, The Art Institute of Chicago, DR.
Georgia O’Keeffe, Cow’s skull with calico roses, 1931, The Art Institute of Chicago, DR.
Stuart Davis, New York-Paris n°3, 1931, The Art Institute of Chicago, DR.
Reginald Marsh, In Fourteenth Street, 1934, Museum of Modern Art, New York, DR.
Charles Sheeler, American landscape, 1930, Museum of Modern Art, New York, DR.
Aaron Douglas, Aspiration, 1936, Fine Arts Museums of San Francisco, DR.
Philip Guston, Bombardment, 1937,© The Estate of Philip Guston, courtesy McKee Gallery, New York

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