La culture en campagne (4) : François Bayrou

Allons voir du côté des sites Internet des candidats à l’élection présidentielle leurs propositions dans le domaine culturel. Car si la matière ne constitue pas une actualité aussi forte que l’économie ou le social, elle laisse tout de même apparaître des choix qui nous en apprennent un peu plus sur la personnalité de nos candidats.

Sur www.bayrou.fr, pas d’onglet Culture dans les propositions du candidat. Il faut donc un peu de curiosité pour connaître les engagements du Béarnais dans le domaine. Le plus évident se trouve sur la page d’accueil et concerne la loi Hadopi. Plus que des propositions, le candidat explique son opposition à la loi « ce n’est pas une bonne idée », tout en reconnaissant la nécessité de protéger les droits d’auteurs. En citant l’exemple de Michel-Ange qui, sans le soutien des papes, n’aurait pas pu peindre la chapelle Sixtine, le candidat brouille un peu les cartes. Parle-t-on de mécénat ou de droits d’auteurs ? Contre Hadopi et aussi opposé à une licence globale, le candidat prône le développement du téléchargement légal à un prix plus abordable.
Pour lire ses idées sur la culture, le site renvoie à plusieurs interventions médiatiques, déclarations faites lors de visites, forums du candidat (notamment celui sur l’éducation). On a retenu l’entretien accordé à Beaux-Arts Magazine publié début mars 2012. Le candidat revient d’abord sur le bilan de Nicolas Sarkozy dans le domaine : « Rien de nouveau sous le soleil ! » Ce féru d’histoire n’approuve pas, entre autres, « l’idée baroque de créer un musée de l’Histoire de France », idée trop réductrice et trop coûteuse à ses yeux.
Trois priorités
Sans faire de distinction entre création artistique, numérique, littéraire, théâtrale, plastique », Bayrou « met la création artistique au même plan que la création scientifique ou industrielle. » Avec analogies et métaphores, le candidat définit une ligne culturelle où l’Etat doit être fédérateur et les citoyens des acteurs et des spectateurs à part entière. Concrètement, le candidat affirme que cela ne passe pas par une augmentation du budget alloué à la culture, ministère qu’il verrait bien être dirigé « pas forcément par un politique ». Trois priorités sont révélées à Beaux-Arts Magazine : l’indépendance de l’audiovisuel public, une loi-cadre sur la création – des grandes orientations dont la réalisation est confiée au pouvoir réglementaire, un apurement du soutien à la réhabilitation du patrimoine.
En conclusion, le candidat met en avant une singularité culturelle française définie par un héritage fort et une capacité de projection vers l’avenir et soutenue par une puissance publique « considérant qu’elle n’est pas extérieure à cette entreprise poétique. »

Produire en France et produire culturel
François Bayrou applique aussi son « produire en France » dans la sphère culturelle. Lors de la sa visite, le 29 janvier, au festival international de la bande dessinée d’Angoulême, il a souligné la réussite de ce secteur en se rendant sur les stands des grands éditeurs hexagonaux et en louant le renouvellement permanent de l’art de la BD.

Photo : bayrou.fr

www.bayrou.fr
Dossier dans Beaux-Arts Magazine, Politique culturelle : La culture s’expose à la présidentielle, n°233, mars 2012.

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